L'Option Fondamentale
L’Option Fondamentale est-elle l’Option Définitive?
Le terme option fondamentale est souvent employé pour marquer un pas décisitif dans notre vie. Dans ce sens aussi bien au niveau religieux, civil, matrimonial comme à celui personnel nous entendons souvent dire “mon option fondamentale consiste à prendre une decision ferme dans ma vie”. Concevoir l’option fondamentale de la suivante manière nous plongerait dans une ambigüité dans la mesure oú nous pourrions nous demander sur quel champ scientifique nous situons-nous. Est-ce dans le domaine de la morale ou alors dans celui de la religion? De la science ou de la culture? Communautaire ou individuel? Fort de cela, nous sommes en droit de nous poser la question de savoir si option fondamentale serait synonyme de option définitive. En d’autres termes l’option fondamentale est-elle l’option définitive? Nous voulons nous orienter sur un domaine précis afin d’éviter toute ambivalence. Il s’agit du domaine de la philosophie morale. La démarche qui guidera notre pensée sera jalonnée par trois points d’arrêt. Le premier point qui marquera notre premier arrêt sera une analyse de l’acte moral. Ici nous tâcherons de lever l’équivoque qui consiste à étiqueter un individu à partir d’un acte qu’il a posé. Le deuxième point d’arrêt serait celui de la morale des habitudes qui va nous conduire directement au troisième arrêt qui est la morale des attitudes. Et c’est dans ce troisième arrêt que nous aborderons la question de l’option fondamentale. Cela voudrait donc dire que l’option fondamentale ne peut se parler ni au premier arrêt et non plus au deuxième sinon au troisième.
L’Acte Moral
L’acte moral est une situation de conflit entre la loi moral et le libre arbitre. Nous parlons de libre arbitre lorsque librement, un individu choisi de poser un acte selon les valeurs auxquelles il croit. Ce libre arbitre peut etre émotionnel ou émotif, passionel ou alors obsessionel.Il sied de dire ici que ce qui entre le plus en jeu n’est rien d’autre que la passion ou les sentiments. Les appetits ou les envies. A l’opposé de la loi moral qui regit nos agirs et qui est fondée sur la règle d’or kantienne: “agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigé en code moral de conduite universelle”. Ceci voudrait donc dire que la loi moral passe nécessairement par le tribunal de la raison pour recevoir sa lettre de noblesse. La raison est ce qui la dirige et qui lui donne son sens. D’oú le conflit avec le libre arbitre. Cependant un acte moral est-il suffisant pour étiqueter un individu? En d’autres celui qui a volé pour la première une pomme dans un super marché ou soutirer le porte monnaie d’un passant dans la rue est-il du point de vue moral un voleur? L’acte qu’il a posé fait de lui un voleur? Nous pensons que non. Un acte seul ne suffit pas pour étiqueter une personne. Voler une pomme ou soutirer un porte monnaie pour la première fois ne fait pas d’un individu un voleur. Qu’est ce qui pourrait donc faire de l’individu un voleur? Nous essayerons d’y repondre avec le deuxième point d’arrêt qui est la morale des habitudes.
La Morale des Habitudes
Par morale des habitudes nous entendons une répitition d’ actes. Nous avons vu que l’acte seul ne suffit pas pour étiqueter une personne surtout si son action a été posée une fois. Il faut une serie d’actes répétée qui fera de l’individu l’être qu’il aurait souhaité être. C’est cela qui pourrait constituer sa seconde nature. C’est donc à partir cette répétition d’actes qu’on pourra parvenir à une attitude. Sans toutefois faire ce grand saut pour parler déjà des attitudes, nous voulons nuancer nos propos sur la morale des habitudes. Pour cela, nous aurons besoin de demander conseil à Aristote. Aristote dans Morale à Eudeme, livre II de la Vertu nous dit que: “Le moral, ainsi que le mot seul l'indique, vient des mœurs, c'est-à-dire des habitudes; or, l'habitude se forme peu à peu par suite d'un mouvement qui n'est pas naturel et inné, mais qui se répète fréquemment ; et il en est de même pour les actes que pour le caractère. C'est là un phénomène que nous ne voyons point dans les êtres inanimés ; on aurait beau jeter mille fois une pierre en l'air, elle n'y montera jamais sans la force qui la pousse. 2 Ainsi, la moralité, le caractère moral de l'âme, relativement à la raison qui doit toujours commander, sera la qualité spéciale de cette partie qui η est que capable d'obéir à la raison. 3 Disons donc tout de suite à quelle partie de l'âme se rapporte ce qu'on appelle les mœurs, ou les habitudes. Les mœurs se rapporteront à ces facultés de passions d'après lesquelles on dit des hommes qu'ils sont capables de telles ou telles passions, et à ces états de passions qui font qu'on désigne les gens du nom de ces passions même, selon qu'ils les ressentent ou qu'ils restent impassibles. 4 On pourrait pousser la division plus loin encore, et l'appliquer, pour chaque cas spécial, aux passions, aux puissances qu'elles supposent, et aux manières d'être qu'elles déterminent J'appelle passions les sentiments tels que la colère, la peur, la honte, le désir, et toutes ces affections qui ont en général pour conséquences un sentiment de plaisir ou de douleur. 5 Il n'y a pas là de qualité de l'âme, à proprement parler ; et l'âme y est toute passive. La qualité qui caractérise le sujet, se trouve seulement dans les puissances ou facultés qu'il possède. J'entends par puissances celles qui font dénommer les individus selon qu'ils agissent en éprouvant telles ou telles passions, et qui font qu'on les appelle, par exemple, colères, insensibles, amoureux, modestes, impudents. 6 Enfin, j'entends par manières d'être morales toutes les causes qui font que ces passions ou sentiments sont conformes à la raison, on y sont contraires, comme le courage, la sagesse, la poltronnerie, la débauche, etc”. Ceci nous permet donc de faire cette belle transition pour parler des attitudes acquises dans les habitudes.
La Morale des Attitudes: l’Option Fondamentale
L’option fondamentale est ce qui marque de façon décisive et non définitive une serie d’actes répétés chez l’individu. C’est la capacité que l’individu a de se definir une identité propre et un caractère moral personnel. La marque morale est observée ici de manière implicite et explicite. C’est d’ailleurs pourquoi dans le mariage tout comme dans la vie religieuse ou le celibat, on ne saurait parler d’un individu a plusieurs identités. Nous ne pouvons pas être à la fois marié et célibataire, catholique et musulman. Il y a toujours un choix decisive à faire et c’est au terme de ce choix que nous pouvons nous parler d’option fondamentale.Cela suppose donc une correlation existentiale de la pre compréhension entendue par Martin Heidegger comme une relation directement vécue de la connaissance jusqu’à son objet approprié. Cela voudrait donc dire que toute décision particulière pour être adéquatement comprise et valorisée doit se referrer à la matrice de la prédécision. C’est ce dernier point justement qui déracine l’existence dans sa totalité.
Un autre aspect de l’option fondamentale que nous voulons mettre en exergue est celui de la communauté. L’option fondamentale ne se vit pas comme le cogito de Descartes “Je pense dont je suis” sinon comme une ouverture à l’autre. La communauté nous aide à vivre de façon responsable notre option fondamentale. Nous en retour nous devons la vivre de façon cohérente de telle manière que nous actes puissent régir notre conduite de manière vertueuse. Cela voudrait donc dire que toute décision prise de façon apodictique doit être baliser par la société. La société se sent responsable de mon option fondamentale et m’aide à la vivre fidèlement dans un processus de maturité. Qui est donc habileter à vivre de façon radicale son option fondamentale? Toute personne majeure qui a suivi un processus de maturité constant et qui vit de façon cohérente envers lui-même. Le résultat de son vécu sera vérifié par et dans la société. Ceci dit, un enfant est ipso facto exclu du langage option fondamentale. Maintenant il est à voir qui peut être qualifié d’enfant. Celui qui est moins âgé ou alors celui qui au niveau du comportement est bas. Toujours est-il, il faut juste voir l’option fondamentale sous l’angle de la maturité. Cependant nous avons une inquiétude, celle de savoir si une option fondamentale peut être définitive? Est ce parce qu’on est marié qu’on ne peut plus divorcer? Est ce parce qu’on a prononcé des voeux qu’on ne peut plus les rompre? Est ce parce qu’on a été consacré qu’on ne peut plus se désacraliser?
Une option fondamentale n’est jamais définitive, elle peut être rompue par une autre option fondamentale mais jamais on ne peut vivre deux options fondamentales à la fois. Il y a toujours un choix à faire. Les questions auxquelles nous ne pouvons répondre de façon plausible sont celles de savoir: que dire d’un couple qui après 20, 30, 40 ans de mariage décide de divorcer? D’un prêtre qui après plusiseurs années de sacerdoce décide de ne plus exercer son ministère? Que dire des engagements pris publiqement et qui ne sont pas respectés? Y a t-il lieu de parler d’un échec? D’une mauvaise orientation de son option fondamentale? L’option qui a été choisi a t-elle été murie? Est-ce réellement ce que nous devrions choisir? C’est ici le paradoxe que nous trouvons dans notre thématique.
Clément TSANGA MBIA
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