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Le problème du MAL chez Augustin

Chez Augustin, Dieu apparaît comme principe de toue chose. Cela veut donc dire que Dieu qui crée, le fait à son image. Dans ce cas, tout ce qui crée est bon, bien, beau, etc. car lui-même étant la Bonté suprême, le Bien suprême, la Beauté suprême, etc. Si tel est le cas, comment expliquer le mal ?
Saint Augustin après un long processus intellectuel, arrive à la conclusion selon laquelle Dieu n?est pas la cause du mal. L?origine du mal est à chercher ailleurs pas sur Dieu. Rappelons que bien longtemps, Augustin a milité dans la logique manichéenne qui stipulait que le mal provenait du principe du mal. Ce n?est qu?en lisant Plotin dans ses Ennéades (I, 8) qu?il parvint à se défaire de ses idées manichéennes au sujet du mal. En effet, Plotin statue que le mal est une absence du bien. Par conséquent, il identifie cette absence, cette privation du bien, avec la matière.
Saint Augustin est d?avis avec Plotin à ce sujet, mais il réfute l?idée de Plotin qui identifie le mal à la matière car la matière aussi est créée par Dieu. Comment donc Augustin va-t-il définir le mal ? Et où est-ce qu?il place la cause du mal ?

Partant de la dénomination des choses que l?homme appelle mal, Saint Augustin arrive à la conclusion selon laquelle, le mal ne peut exister par lui-même ; mais il doit exister dans une substance qui est elle-même bien. Le mal est la privation de la perfection que doit avoir la substance, mais qu?elle n?a pas. Par conséquent, le mal n?est pas une réalité positive, mais une privation de la réalité.
Donc, le mal peut être défini comme « privatio boni » (privation du bien).
Battista Mondin en citant Augustin dans De la Vraie Religion, clarifie le vrai concept du mal en ce sens : « Being, however small, is a good in itself?ans since every being must be made up of a form, however minimal, the nit, although of the lowest grade, will still be a good and hence will be from God. In fact, if God, the supreme good, is also the supreme form, then every good is either God or comes from God. Therefore, even the lowest for mis from God » , (l?Etre, même minime est un bien en soi? et puisque chaque être doit être constitué d?une forme, même minime, puis, bien que de la classe inférieure, sera toujours un bon, et sera donc de Dieu. En fait, si Dieu le Bien suprême, est aussi la forme suprême, puis chaque bien est Dieu ou vient de Dieu, par conséquent, même la forme la plus basse est de Dieu).
Cette insistance nous montre en clair que chez Augustin, le mal ne saurait provenir de Dieu car en chaque élément créé par Dieu, se trouve une bonne dose de bonté. La cause du mal, il faudrait donc la chercher ailleurs. Si le mal ne vient pas de Dieu, de qui pourrait-il provenir ? Augustin dira que le mal vient de la créature. Voilà ce que nous allons présenter dans les lignes qui suivent.
En effet nous dira Battista Mondin, le mal se présente généralement sur deux formes : « as suffering and as guilt » , (comme souffrance et comme culpabilité). Dès lors, il apparaît que nous ne pourrons pas parler de souffrance sans la mettre en rapport avec la culpabilité. C?est du moment qu?on est coupable soit d?une faute, soit d?un péché que nous commençons à souffrir car en chacun de nous, se trouve une conscience qui nous interpelle sur chacune de nos déviances.
Essayons d?analyser chacune des causes du mal sus-évoquées. En premier qu?entendons-nous par culpabilité ? La culpabilité nous dira Battista Mondin « is the submission of the human reason to passion, in disobeying divine law, and in distancing oneself from the supreme good » , (c?est la soumission de la raison humaine à la passion, en désobéissant à la loi divine, et en prenant soi-même une distance du Dieu Suprême). Cela voudrait dire que c?est le choix délibéré pour l?homme de se démarquer de Dieu qui le rend coupable d?un péché. Dès lors, il devient lui-même non seulement son propre maître car ayant ses propres lois, mais aussi ami du mal. Dans du Libre Arbitre, Augustin montre que c?est grâce à la liberté que Dieu donne à l?homme qu?il parvient au mal. C?est pourquoi, nous parlions d?un choix délibéré. Cependant nous nous demandons si cette liberté est-elle bonne ? Battista Mondin en reprenant Augustin dans du Libre Arbitre dira : « freedom is the condition for morality » (la liberté est la condition pour la moralité). Nous sommes libres parce que nous avons une conscience qui peut à chaque fois nous juger, nous questionner et nous rendre « saints et irréprochables » pour paraphraser le psalmiste.
Nous sommes en droit de nous poser un certain nombre de question face non seulement à la création du monde mais aussi à la présence du mal. Pourrions-nous penser Dieu entrain de créer le monde sans qu?il puisse exister le mal ? Cela permettra à Augustin de dire que cette question ne peut trouver de réponse si au préalable, nous connaissons mieux l?univers que Dieu qui l?a créé. Par conséquent il dira « ni le péché ou les pécheurs sont nécessaires pour la perfection, mais les âmes aussi bien, qu?elles pèchent si elles le veulent, et si elles pèchent, elles deviennent mécontentes » .
Dans ses confessions, Augustin lui-même ne parvient pas à comprendre la cause du mal. Il dit : « Je ne tenais pas encore l?explication, la solution du problème de la cause du mal » . Il faut dire ici, que le saint Augustin qui parle dans Les Confessions est celui qui a fait l?expérience du mal et malgré sa conversion, il ne parvient pas toujours à comprendre ce phénomène. Dans Du Libre Arbitre, il tente de montrer que c?est la liberté de l?homme qui le pousse au péché mais jusque là, ce n?est pas véritablement la réponse à l?existence du mal. Nous y reviendrons lorsqu?il s?agira de parler de l?anthropologie augustinienne. Cependant, retenons avec Augustin que la cause du mal reste jusque là non comprise. Il dit : « je m?efforçais de comprendre la thèse que j?entendais professer, qui fait du libre arbitre la cause du mal que nous commettons, et de l?équité de vos jugements celle du mal que nous souffrons » .
A présent, entrons dans la création du monde proprement dite et à travers elle, nous allons passer sans transition à la deuxième partie qui traitera de l?anthropologie augustinienne avec l?idée de l?homme comme créature de Dieu formé à son image.
Au sujet de la création du monde, Augustin dans une argumentation montre que le monde a été créé avec le temps. Il dit à cet effet : « il est indubitable que le monde a été créé non dans le temps, mais avec le temps. Car ce qui s?accomplit dans le temps, suit ou précède un certain temps, il suit le passé et précède l?avenir ; or dans le monde il ne pouvait exister aucun temps passé, parce qu?il n?existait aucune créature dont les mouvements eussent déterminé le cours du temps » . Nous comprenons dès lors que le temps chez Augustin est important dans l?histoire de la création et c?est la raison pour laquelle, le temps occupe une place importante dans sa métaphysique. Dans l?histoire de la création, nous pouvons aussi noter le souci qu?à Saint Augustin par rapport à l?ordre de préséance. Il s?agit ici de voir quelle créature a été créée avant l?autre. Pour répondre à cette préoccupation, il préfère se situer dans chacune des cités que lui-même a créées.
Pour ce qui est de la cité céleste, Augustin voudrait en premier lieu nommé la création des anges. Il dit à cet effet : « les anges sont évidemment les ouvrages de Dieu ; la parole divine le déclare, lorsque les ayant énumérés entre toutes les créatures célestes, elle dit de l?ensemble : « Dieu a parlé et tout a été fait. » Or, qui oserait prétendre que la création des anges est postérieure à l??uvre de six jours ? » . Dans la cité terrestre qu?en sera-t-il ? Certainement nous répondrons à cette question à la suite de notre travail mais pour le moment, nous n?en sommes pas là.
Il faut aussi dire que dans la création du monde, Augustin considère le monde comme étant le plus grand des êtres visibles. Il écrit : « De tous les êtres visibles, le plus grand est le monde » . Ceci sous-tend qu?avant de parler de l?homme, Dieu a pensé le monde, d?où au niveau des Saintes Ecritures il est écrit « Dans le principe Dieu créa le ciel et la terre » . La question que saint Augustin se pose et que beaucoup d?autres penseurs pourraient se poser est celle de savoir « comment a-t-il plu au Dieu éternel de faire alors le ciel et la terre que jusqu?alors il n?avait point faits ? » . Cette question l?amènera à postuler l?hypothèse selon laquelle « si, par cette objection l?on prétend établir l?éternité du monde, et nier la création divine, c?est se détourner étrangement de la vérité, c?est être possédé du mortel délire de l?impiété » . Augustin semble être convaincu au sujet de la création du monde par Dieu qu?il va même jusqu?à nier à quiconque l?objecterait la connaissance de la vérité. Il va donc sans doute dire que la création du monde, le monde métaphysique que saint Augustin a présenté est en étroite relation avec la création de l?homme. Quels sont donc ces rapports qui régissent les deux créatures ?

Clément TSANGA
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